28/04/2025


Les enfants n'ont pas besoin d'avoir leur propre chambre

C'est une réflexion basée sur un partage de souvenirs d'enfance ainsi que sur les prix de l'immobilier qui pousse The Atlantic à s'interroger: pourquoi accordons-nous tant d'importance au fait que chaque enfant ait sa propre chambre? Dans le choix d'une maison ou d'un appartement, cela constitue souvent un critère essentiel, en fonction duquel sera fixé le nombre de pièces recherchées. En tout cas, résume la sociologue Annette Lareau, le principe consistant à donner une chambre à chaque enfant est progressivement devenu «un idéal normatif», c'est-à-dire un objectif à atteindre pour tout parent. Si la question n'était pas aussi fondamentale il y a quelques décennies, c'est notamment parce que les superficies de nos habitations ont peu à peu augmenté, ainsi que le nombre de chambres à coucher disponibles. Dans les foyers où les enfants sont contraints de partager leur chambre avec un frère ou une sœur, 70% des parents affirment qu'ils aimeraient pouvoir changer les choses, relate un sondage de 2022.

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Entre 1960 et 2000, le sociologue Michael J. Rosenfeld explique que le nombre moyen de chambres disponibles par enfant est passé de 0,7 à 1,1. Selon le professeur d'immobilier Arthur Acolin, ce chiffre est resté constant depuis. Au cours de ses propres recherches, il a établi que plus de la moitié des familles américaines avec enfants avaient assez de chambres pour en attribuer une à chacun d'entre eux –ce qui ne signifie pas que toutes le faisaient. Indépendance et solitude L'idée d'une chambre par enfant est évidemment séduisante: on se dit que c'est mieux pour son intimité, que cela lui permet d'avoir plus d'espace et de liberté. Pourtant, ça n'est pas nécessairement vrai, affirme The Atlantic. D'après les experts en vie familiale, il n'existe pas d'étude qui prouve qu'avoir sa chambre à soi soit bénéfique pour les enfants. Cette obsession de la chambre non partagée traduirait surtout notre propre individualisme. Tout dépend en fait de ce que les parents veulent apporter en priorité à leurs enfants. Il est vrai que des frères et sœurs qui possèdent leur propre espace se disputent moins, et qu'il est tout de même recommandé –dans la mesure du possible– de séparer ses enfants si leur écart d'âge est trop élevé. Les chambres solo permettent aux enfants de «créer leur propre royaume», explique le psychologue Aaron Cooper. Seulement voilà: d'après les spécialistes interrogés, il est au contraire important de briser la spirale de solitude dans laquelle les enfants et ados peuvent vite s'installer, et que la société actuelle tend à renforcer peu à peu. En outre, partager sa chambre, c'est apprendre à partager son temps, à cohabiter, à faire des concessions aussi. Avoir son propre espace est une joie bien compréhensible, mais cela donne souvent des adultes qui ont ensuite du mal à vivre à plusieurs, que ce soit en couple ou en colocation. Il semble en tout cas que le fait de donner à chaque enfant sa propre chambre à coucher puisse être sérieusement remis en question. À surface égale, ne vaut-il mieux pas disposer de parties communes plus spacieuses, permettant de passer tous ensemble davantage de moments de partage et de convivialité? Les personnes qui n'ont pas eu leur propre chambre durant leur enfance en ont parfois un souvenir en demi-teinte, mais la plupart tirent tout de même un bilan positif et plein de souvenirs de cette enfance partagée. <a href=“https://www.slate.fr/story/266820/chambre-enfant-partage-appartement-maison-immobilier”>slate</a>