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Le pastillage du PLU b vivement critiqué par la commission d’enquête ✍Highlight–2024:11:21:09:49:56
Si la commission d’enquête publique sur la révision du PLU bioclimatique de Paris vient de rendre un avis favorable à l’unanimité, le pastillage de certains immeubles de bureaux, tout comme celui d’écoles privées, est sévèrement critiqué. Le rapport estime notamment que « la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigPopUp Text
[arthur] sous-estime complètement l’impact d’un emplacement réservé sur des immeubles dédiés aux activités économiques ».
Le rapport de la commission d’enquête publique sur le plan local d’urbanisme bioclimatique (PLU b) de Paris a le mérite d’exprimer ses critiques avec la plus grande clarté. Rendu à l’issue de l’enquête publique qui s’est déroulée du 8 janvier au 29 février 2024, ce rapport accorde un avis favorable à la procédure de révision du PLU parisien à l’unanimité de ses membres. Mais le pastillage de certaines parcelles, obligeant leurs propriétaires, en cas de restructurations lourdes, de changement de destination ou de surélévation, à réserver une part de leur immeuble à des logements, notamment sociaux, est sévèrement critiqué.
La commission critique l’absence de ciblage fin des immeubles pastillés. © Jgp
Concernant le pastillage d’immeubles de bureaux, 300 d’entre eux ont fait l’objet de contestation, les contributions présentées à l’enquête relevant du dossier précontentieux (argumentation complète rédigée par des cabinets d’avocats, plans et dossiers techniques réalisés par des architectes), est-il indiqué. La commission déplore une concentration géographique jugée excessive du pastillage. Elle note que plus de 100 immeubles pastillés ont été choisis dans le 8e arrondissement de Paris avec, dans certaines rues, 50 % des immeubles entiers de bureaux concernés, expliquant « le sentiment des acteurs économiques d’un transfert à marche forcée de l’activité tertiaire hors des quartiers centraux ».
Ainsi, si elle ne critique pas le nombre d’emplacements choisis (250), la commission « regrette néanmoins que la Ville sous-estime complètement l’impact d’un emplacement réservé sur des immeubles dédiés aux activités économiques ». « L’emplacement [autrement dit, le pastillage] peut être maintenu à vie. Il rend l’immeuble invendable à un tiers, et difficilement vendable à la Ville, compte tenu de la durée de la procédure du droit de délaissement, peu compatible avec la fluidité des affaires, est-il souligné. Si le propriétaire réalise lui-même les travaux qu’implique le pastillage, il doit consentir des investissements importants et subit une baisse de la valorisation de son immeuble ».
Une méthode insuffisante pour Paris
La commission se montre sévère sur la méthode retenue pour choisir les immeubles pastillés, « qui apparaît très insuffisante dans une villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigPopUp Text
[arthur] comme Paris ». Si les critères théoriques retenus par la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigPopUp Text
[arthur] sont jugés pertinents, « aucune analyse fine à l’échelle du quartier n’a été effectuée, ni sur leur localisation, ni sur la typologie des constructions retenues, leur ancienneté, leur état, leur insertion dans le quartier, leur potentiel d’évolution pour améliorer le quartier ». Une collaboration de la Ville avec les conseils de quartier, qui ont une connaissance fine de leur quartier, est préconisée. Cependant, la commission apprécie le travail important que les services de la municipalité effectuent actuellement pour étudier les dossiers contestés. Paris a déjà confirmé, en effet, qu’une centaine d’immeubles pastillés, soit un tiers des contestations présentées, ne sont pas adaptés à une transformation en logements.
La commission regrette au passage que les immeubles des administrations publiques, souvent situés dans des quartiers très déficitaires en logements, ne fassent pas davantage l’objet d’emplacements réservés. Ils préconisent de « mieux identifier les bâtiments occupés par des ministères qui présentent des caractéristiques similaires à celles des immeubles déjà transformés avec succès par la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigPopUp Text
[arthur] pour les grever d’un emplacement réservé pour du logement ».
La commission constate également que les propriétaires de maisons individuelles concernées « n’ayant pas été avertis personnellement, ont mal accepté la mise en place de servitude sur leur maison familiale ». Elle indique de même que les emplacements touchant des presbytères, ou autres biens annexes de lieux de culte, ont fait l’objet de contestations de la part des paroissiens.
« L’obstination » de Paris pas comprise
Dans les emplacements touchant des établissements scolaires privés sous contrat, « la transformation d’établissements d’enseignement primaire et secondaire privés, qui participent au service public de l’éducation, en logements sociaux, n’a pas du tout été comprise par le public qui s’est exprimé », souligne également le rapport. La commission elle-même « ne comprend pas bien l’intérêt de la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigPopUp Text
[arthur] et son obstination à vouloir grever des établissements scolaires d’un emplacement réservé pour faire du logement social, alors que Paris compte 77 000 parcelles et 946 emplacements réservés ». D’autant que « les écoles et collèges pastillés affichent tous des effectifs complets et des listes d’attente importantes ». Au final, la commission estime donc que les emplacements réservés grevant les 10 établissements scolaires concernés « ne sont pas justifiés car inopérants pour espérer produire du logement social ». Le rapport enjoint donc la Ville à supprimer le pastillage de ces 10 établissements. Cette réserve levée, le PLUb devrait être adopté par Paris d’ici la fin de l’année.
Baisse de la constructibilité : un travail de la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigPopUp Text
[arthur] jugé « très intéressant »
La commission salue le travail « très intéressant » sur la baisse de la constructibilité d’une villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigPopUp Text
[arthur] de Paris « qui place pour la première fois l’urgence climatique au cœur de la réflexion ». « Les hauteurs et les gabarits-enveloppe ont été diminués pour préserver l’ensoleillement et la ventilation des rues étroites et maintenus dans les rues larges pour favoriser les ombres portées, est-il relevé. Les filets de hauteur ont été largement retravaillés, non plus seulement dans un objectif de protection du patrimoine ou des paysages mais pour ménager des respirations et permettre à la chaleur de s’évacuer, notamment dans les rues étroites ». De même, le rapport valide le choix de Paris d’une constructibilité portant essentiellement sur la surélévation dans le diffus, « qui offre le potentiel de constructibilité le moins onéreux et le plus sobre en matériaux ».
Energie : Privilégier la récupération de la chaleur fatale et la géothermie
La commission d’enquête publique sur la révision du PLU bioclimatique de Paris rappelle « que le temps presse en termes de lutte contre le réchauffement climatique ». Elle estime en l’espèce que la récupération de la chaleur fatale « devrait être une vraie préoccupation pour la Ville, ainsi que la géothermie, qui doit être privilégiée par rapport au réseau de chaleur urbaine, celui-ci n’étant pas sans impact sur le classement DPE (diagnostic de performance énergétique), maximum C, en raison de son origine (brûlage de déchets) ». « Il est également urgent que des initiatives soient examinées pour remplacer ou encourager à remplacer les énergies fossiles (fuel encore existant ou gaz) par du biogaz par exemple, même si le volume de ces énergies fossiles peut diminuer mécaniquement avec le changement des chaudières actuelles par des chaudières plus performantes ».
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La start-up H s'élance dans la course à l'IA générative avec un financement initial de 220 millions de dollars ✍Highlight–2024:11:26:21:31:47
Se concentrant sur le développement d'agents IA censés accélérer la productivité des salariés, la start-up H annonce une levée de fonds d'amorçage attirant aussi bien les investisseurs français qu'étrangers. Implantée à Paris, la société se rêve déjà en successeur de Mistral AI.
Célia Séramour
22 mai 2024 \ 16h00
La start-up H sort de son nid. Se présentant comme une société qui “travaille sur des modèles d'action, pour augmenter la productivité des travailleurs” avec “des capacités d'IA scandaleuses pour l'automatisation des tâches et la prise de décision” (rien que ça), elle se lance sur le marché de l'intelligence artificielle à Paris avec une levée de fonds initiale de 220 millions d'euros.
Les investisseurs comptent Accel, UiPath, Bpifrance - via son fonds Large Venture – mais aussi Eric Schmidt, Xavier Niel, Amazon, FirstMark, Elaia Partners, Eurazeo et Yuri Milner. Parmi les autres participants au tour de table figurent Aglaé Ventures – fonds en capital-risque de Bernard Arnault – ainsi que Creandum, Motier Ventures, Samsung, et Visionaries Club notamment.
Des investisseurs qui bénéficient d'un accès prioritaire
Environ 40 % du financement d'amorçage est un investissement en actions traditionnel, tandis que le reste est constitué de dette convertible, qui sera convertie en actions lors des prochains cycles de financement.
En plus de leur investissement, UiPath et d'autres partenaires stratégiques travaillent avec la société nouvellement créée “dans le cadre de partenariats commerciaux, technologiques et d'accès au marché”, apprend-on.
Une équipe de 25 ingénieurs prête à en démordre
L'équipe fondatrice de H peut se vanter de rassembler des scientifiques de renommée internationale en matière d'intelligence artificielle. Son dirigeant, Charles Kantor est un ancien de l'université d'Harvard et de Stanford où il a notamment été assistant d'enseignement avant de fonder H fin 2023. A ses côtés, Karl Tuyls, chief research and operations, a précédemment été directeur de recherche sur les agents multiples et la théorie des jeux chez DeepMind, où il notamment dirigé une équipe de 40 personnes. Il est également cité comme l'un des fondateurs d'AlphaRank et a codirigé les travaux sur Stratego (DeepNash) et TacticAI (Sports AI).
Laurent Sifre est, pour sa part, directeur technique de H. Egalement passé par DeepMind, il a, durant dix ans contribué à des projets emblématiques comme AlphaGo, AlphaFold, AlphaStar, Chinchilla, Gemini et Gemma. Il est également prévu que Daan Wierstra – membre fondateur de DeepMind – rejoigne prochainement l’équipe en tant que chief Scientist. Pour rappel, il est le co-inventeur des réseaux Q profonds et de deepRL, qui ont permis de résoudre le problème d'Atari, ainsi que le co-inventeur des VAE, les premiers modèles génératifs profonds performants.
L'équipe est complétée par Julien Perolat, nommé chief multi-agent, également passé par DeepMind où il a codirigé Stratego (DeepNash) et d'autres travaux fondamentaux sur la théorie des jeux et l'apprentissage par renforcement multi-agents (jeux de champ moyen, apprentissage basé sur la population). Au total, H compte une équipe initiale de 25 ingénieurs et spécialistes de l'IA issus d'entreprises de premier plan, de laboratoires universitaires et de start-up.
Proposer une nouvelle génération de modèles multimodaux
H ne manque pas d'humilité en ce qui concerne son projet. Avec “pour mission d'introduire la puissance de l’IA générative dans les entreprises”, la société veut proposer “une nouvelle génération de modèles multimodaux, spécialisés sur l'action”. Selon la start-up, ces modèles de fondation d’action sauront raisonner, planifier et collaborer, et ouvriront la voie à l'intelligence artificielle générale, considéré comme le graal ultime dans le domaine.
La start-up prévoit de commercialiser des modèles axés sur des verticales métiers et, pour assurer son développement, ouvre les voies du recrutement. “En outre, le capital sera utilisé pour acquérir les puissances de calcul et les données cruciales à la réalisation de percées”, précise l'entreprise. Son histoire et son arrivée sur le marché de l'IA de façon inopinée n'est pas sans rappeler celle de Mistral AI.
A peine deux mois après son lancement, la start-up française avait ainsi bouclé une levée de fonds de 105 millions d'euros alors qualifiée d'historique dans un contexte économique incertain. Aujourd'hui, elle est considérée comme un acteur français capable de rivaliser avec les géants technologiques américains dans le secteur de l'IA. Il conviendra donc de surveiller de près le développement de la start-up H afin de savoir si elle connaîtra la même ascension.
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La fortune de Charles Aznavour optimisée grâce au Luxembourg ✍Highlight–2024:10:23:09:16:19
Des impôts évités, mais en toute légalité. Avec Charles Aznavour, Le Soir et Mediapart ont ajouté, jeudi 29 mars, un nouvel exemple à la longue liste des contribuables français qui recourent, en toute discrétion, à l’optimisation fiscale en exploitant les failles des législations au sein même de l’Europe.
Le quotidien belge et le site d’information français détaillent un montage fiscal élaboré entre 2007 et 2016, qui a permis au chanteur français, aujourd’hui âgé de 94 ans, de défiscaliser une grande partie de ses revenus. M. Aznavour n’a pas eu besoin de dissimuler sa fortune dans des sociétés écrans ou des trusts à l’autre bout du monde : il lui a suffi, comme à beaucoup de contribuables européens, d’ouvrir une société au Luxembourg, le petit duché coincé entre la France et l’Allemagne, membre de l’Union européenne.
Il contestait être un exilé fiscal
Une bonne partie des droits d’auteur du chanteur de La Bohême ont été transférés dans cette société boîte à lettres, baptisée Abricot SA, dont le statut permet une défiscalisation complète des dividendes. Charles Aznavour étant résident fiscal suisse, les revenus générés par ses chansons n’ont quasiment pas été imposés en France. Selon les calculs de Mediapart, « plus d’un million et demi d’euros a légalement échappé à la fiscalité française des dividendes ».
Ce montage respecte les contours de la légalité, mais il dément les affirmations du chanteur : interrogé en 2013, sur RTL, celui-ci se défendait d’être un exilé fiscal, et assurait payer en France les impôts sur ses activités françaises.
L’enquête du Soir et de Mediapart souligne qu’une réorganisation à l’automne 2016 a fait entrer plusieurs membres de la famille du chanteur dans le montage autour d’Abricot. Son épouse, deux de ses enfants et sa sœur sont, depuis cette date, « éligible[s] à une part plus importante des bénéfices issus des droits d’auteur » (seule sa sœur, résidente fiscale dans l’Hexagone, reste théoriquement soumise à la fiscalité française).
Selon les deux quotidiens, cette réorganisation devrait faciliter la succession de M. Aznavour, qui pourra se dérouler dans le cadre du droit luxembourgeois.
Contacté par Mediapart et par Le Soir, Charles Aznavour n’a pas répondu aux sollicitations.
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« La Défaite de l’Occident » : Emmanuel Todd, prophète aux yeux fermés ✍Highlight–2024:05:29:18:06:57
« La Défaite de l’Occident » : Emmanuel Todd, prophète aux yeux fermés « La Défaite de l’Occident », d’Emmanuel Todd, avec Baptiste Touverey, Gallimard, 374 p., 23 €, numérique 16 €.
Emmanuel Todd exerce le métier de prophète depuis 1976. Aucun article à son sujet, aucun de ses propres livres n’omet de le rappeler : il a, cette année-là, annoncé dans La Chute finale (Robert Laffont) que l’URSS allait s’effondrer, en se fondant sur l’augmentation du taux de mortalité infantile observée dans la première moitié des années 1970.
Certes, les historiens, qui ont depuis longtemps renoncé à expliquer le réel par des causes uniques, ne reprennent pas son interprétation. Certes, les démographes spécialistes de la population soviétique ont établi que cette augmentation avait été temporaire. L’essayiste écrit lui-même dans son nouveau livre, La Défaite de l’Occident, qu’il lui semble « maintenant » plus juste d’expliquer l’effondrement du régime par l’émergence « d’une classe moyenne éduquée supérieure ».
Qu’importe. Un prophète est un prophète, aussi hasardeuse que soit sa prophétie. Dans un entretien accordé au Figaro, Todd maintient avoir eu raison d’utiliser le paramètre de la mortalité infantile, comme s’il était libre de dire tout et son contraire. Aussi peut-il aujourd’hui annoncer la fin d’un Occident ravagé par le « nihilisme » et le triomphe d’une Russie « stabilisée » par Poutine sans s’embarrasser de cohérence. Il peut asséner, sans démontrer. Décrire le monde, sans avoir besoin de le voir. Il sait.
C’est pourquoi il serait vain de discuter les thèses que ce livre met en circulation. Emmanuel Todd pense que la disparition du protestantisme entraîne la « désintégration » d’un Occident où l’Etat-nation, qui en revanche se consolide en Russie, n’existe plus, tandis que l’Ukraine, en « décomposition », est manipulée par la « russophobie » occidentale. Libre à lui. Il n’est pas le premier à relayer en France la propagande du Kremlin. Mais il prétend étayer ces idées grâce à son « tempérament scientifique ».
Tout va bien en Russie Or rien ne se passe. Les données s’amoncellent dans le désordre, sans autre fonction que d’orchestrer un constant argument d’autorité. Todd se revendique comme détenteur du savoir en général. Cela lui évite de se confronter à des savoirs particuliers. Il ne cite aucune des nombreuses recherches de terrain récentes sur la société ukrainienne, censée n’être que le jouet de forces extérieures. Veut-il prouver que la Russie est une démocratie, fût-elle « autoritaire » ? Il rappelle les sondages favorables à Poutine, et la question est réglée.
Tout va bien en Russie. La mortalité infantile (décidément) est basse, plus qu’aux Etats-Unis. Preuve suffisante que la corruption, contre toute évidence, y serait également plus faible, puisque ce critère reflète « l’état profond d’une société ». Quant à la religion, si décisive quand il s’agit de l’Occident, elle perd toute pertinence dans le cadre russe. Le fait que l’orthodoxie s’y efface est mentionné sans être analysé. Ce qui détruit une civilisation ici est anodin là.
Les exemples de ce type pourraient être multipliés à l’infini. Ils touchent à l’ossature même du texte. Le prophète Todd ne s’intéresse qu’aux formes de la parenté, à la démographie, à l’histoire ancienne. Ce ne serait pas illégitime, s’il se préoccupait aussi de la manière dont ces structures influent sur le réel. Mais son raisonnement s’arrête juste avant. Les structures, chez lui, ne structurent pas. Elles se contentent d’être, et si le monde concret n’y correspond pas, il doit être renvoyé à l’« inauthenticité », au « nihilisme ».
La Russie, figée dans la dictature, se plie mieux aux besoins d’un Emmanuel Todd désorienté par tout ce qui, ailleurs, remue. Il y aurait quelque chose de touchant dans cette incompréhension panique, s’il ne s’agissait, en appelant pour finir à la défaite de l’Ukraine, de faire allégeance à la barbarie d’une guerre impériale, aux bombardements de civils, aux tortures, aux viols, aux déportations d’enfants. En l’espèce, c’est glaçant.
Lire un extrait sur le site des éditions Gallimard.
Lire aussi (2022) : Article réservé à nos abonnés « Où en sont-elles ? » : Emmanuel Todd n’apaisera pas la guerre des sexes
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